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jeudi 11 septembre 2014, par
Si les arts de la rue, occupent aujourd’hui une place essentielle dans le paysage culturel hexagonal, c’est en grande partie à lui qu’on le doit - même s’il ne manquait jamais d’associer d’autres noms à l’aventure.
Malicieux. C’est en 1972 que ce professeur de physique passionné de photographie quitte l’Education nationale pour fonder, avec Bernard Maître et Jean-Marie Binoche (créateur de masques et père de Juliette), la compagnie Théâtracide. Le nom de son second groupe, Les Charmeurs réunis, convient mieux au bonhomme, chaleureux, malicieux, doué pour le contact.
Dans les années 70, Michel Crespin n’est pas le premier à investir la rue. D’autres artistes, notamment Jacques Livchine et Hervée de Lafond, créateurs, en 1972 également, du Théâtre de l’Unité, peuvent revendiquer l’étiquette de pionniers. Mais, plus que d’autres, Crespin a le goût de rassembler et de fédérer. Il est des premières manifestations de l’époque, telle la « Ville ouverte aux saltimbanques », lancée à Aix-en-Provence par Jean Digne.
C’est chez lui, dans le Jura, du côté de Château-Chalon, qu’il imagine en 1980 la Falaise des fous, où se retrouvent la plupart des artistes du genre.
L’arrivée de la gauche au pouvoir consacre l’irruption de ce qu’on appelle encore le théâtre de rue.
En 1981, Crespin fonde avec Fabien Jannnelle à la Ferme du Buisson de Noisiel, dans la ville de Marne-la-Vallée, Lieux publics, « centre international de rencontres et de création pour les pratiques artistiques dans les lieux publics et les espaces libres des villes ».
« Défricheur ». En 1986, il crée le festival d’Aurillac qui devient très vite le principal rassemblement du genre en Europe. Mais ce « défricheur », un terme qu’il affectionne, a horreur de s’installer.
En 1994, il passe la main à Jean-Marie Songy - une bonne pioche - et s’attelle à la consolidation de Lieux publics, entre-temps installé à Marseille. Là non plus, il ne s’accroche pas, et, en 2000, Pierre Sauvageot lui succède.
Il laisse en chantier son Grand Livre de la rue auquel il travaillait depuis dix ans. Mais Michel Crespin, disparu paisiblement dans la nuit du 8 au 9 septembre à l’âge de 74 ans, peut être content de son œuvre.
René SOLIS