Imagination 18-2020 François

Mots :
social économie vie distance actualité
Photo : Voir plus bas

La distanciation sociale, ce n’est pas ce que les potiches de BFMTV évoquent en boucle. (Je ne les aime pas, les potiches de BFMTV, tu le savais ??)

Respecter la distanciation sociale, ce n’est pas se tenir à un mètre, à deux mètres, ou à quinze mètres des congénères.

Respecter la distanciation sociale, c’est ne pas mélanger les torchons et les serviettes.
Respecter la distanciation sociale, c’est rester dans sa case, dans sa caste.
Respecter la distanciation sociale, c’est bloquer l’ascenseur social.
Respecter la distanciation sociale, c’est chacun dans son pré, et des chiens de garde, la bave au museau, circulant dans les allées grillagées qui séparent les parcelles.
Respecter la distanciation sociale, c’est annoncer le versement de millions d’euros de dividendes aux actionnaires du groupe Korian, au plus fort de scandale sanitaire qui vient de tuer des milliers de pensionnaires âgés payants, dans les diverses antennes de ce groupe.

Oui, ils ont fait machine arrière depuis, mais ils avaient osé.
Osé se sentir innocents.
Osé prétendre à ces versements.
Tu me rétorqueras que la sacro-sainte économie a ses lois inamovibles, et que, quelle que soit l’horreur de l’actualité, le spectacle doit continuer.

Je déteste les pourvoyeurs d’images fortes des chaînes de télé.
Ils entrent chez toi à toutes heures et te déversent sur les espadrilles leurs monceaux de fonds de poubelles.
Des chancres.
Des vautours. Des hyènes
Et encore. Vautours et hyènes jouent un rôle essentiel dans les sociétés animales.

Souvenez-vous : il y a quelques années un pilote dépressif précipite volontairement son avion de ligne sur un massif alpin. Zéro rescapé.

Dans les instants qui suivirent le repérage de la carcasse fumante, une équipe de BFMTV court dans sur les pentes raides des montagne.
Être devant les autres charognards.
Être au plus près.
Montrer.
Se féliciter d’être sur le spot.
Faire le buzz.

J’aurais donné ma culotte pour que le type qui commentait ce reportage se trouve nez à nez avec le corps sans vie de sa copine, de sa femme, de son enfant, au milieu des décombres.

Je ne les aime pas.

C’est vis à vis de ces gens-là que d’instinct, je pratique depuis longtemps la distanciation physique.

Dom, agacé...