Accueil > Textes > Atelier d’écriture > Imagination 28-2022 François
jeudi 14 juillet 2022, par
Mots :
avoir pouvoir voir vouloir devoir
Conversation à bâtons rompus entre deux gaillards qui se croient amis, devant une oeuvre non signée, à la galerie Aqua Bon.
« - Dis-moi, toi qui t’y connais, tu pourrais peindre un bouquet comme celui de ce tableau ?
Un pauvre bouquet comme ça ? Ça va pas bien dans ta tête, ou quoi ? Mais tu m’insultes, là, parole ! Y a rien, sur cette croûte ! Trois taches de couleur, quatre fleurs tordues, un vase de guingois. C’est ça que tu nommes un tableau ? Si je veux, je te peins un bouquet qui ressemble à quelque-chose, pas un torchon de gosse de maternelle !
En dix minutes, montre en main tu repars avec l’Oeuvre sous le bras ! Ni plus, ni moins ! Avec les mêmes couleurs et sur la même toile que ce gribouillage de cochon mal dégrossi.
Ok. Je te regarde faire.
Si je veux, je te dis. Et là, je ne veux pas. Je n’ai pas le temps. Tu vois, j’ai un métier, moi. Un vrai métier. Je ne gagne pas ma vie en fournissant des raclures de palettes à des galeristes cupides qui exposeraient même de la crotte de chacal, pourvu qu’elle se vende à des simplets comme toi ! Tu comprends, moi, j’ai le sens du Juste.
Le Devoir, c’est mon unique passion.
Rendre la Beauté accessible à un public de bœufs ignorants, c’est mon crédo. Tu comprends ?
Je comprends surtout que tu refuses de me montrer comment tu travailles…
⁃ T’es qu’un cuistre ! Je me demande pourquoi je continue à perdre mon temps avec toi ?!