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mercredi 12 février 2020, par
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Mots :
araucaria, addition, attraction, absorption, acclimatation
Mon texte
Le tour du monde d’Eusébio. Suite de Imagination. 2-2020.
Durant les premières semaines de son voyage, Eusébio mena un train d’enfer.
Habitué à passer ses journées dans les ateliers bas de plafond, éclairés 24 heures sur 24 par de mauvais néons même pas "lumière du jour", dans la poussière des fibres, et dans la promiscuité, le confort des ouvrières n’était pas la préoccupation essentielle à l’époque de leur construction, Eusébio s’enivra de liberté, d’espace, de solitude choisie, de lumière.
Il découvrit le plaisir ineffable du "saute frontières. Un jour ici, le lendemain ailleurs. Un repas commandé avec les rudiments d’anglais appris avec les 45 tours des Beattles, une bière portugaise péniblement demandée avec les quelques mots que Carlos lui avait enseignés à l’usine. Carlos, un jeune gars qui débarquait tout juste de Lisbonne, dans les années 80, venu en France pour fuir la menace d’une incorporation certaine au Mozambique, pour une guerre qui ne le concernait pas.
Passées les premières semaines d’errance, Eusébio se dit qu’il lui fallait à présent construire son voyage, pour en tirer les meilleurs.
Le mécanicien sur machines à tricoter décida de prendre son temps en Amérique du Sud. Pas s’y installer, non, mais y lasser couler le temps, regarder, lire les paysages, parler avec les gens, apprendre et laisser mûrir.
Il est vrai qu’il ressentait une attraction pour l’Amérique latine depuis sa prime jeunesse. Le Chili en particulier le laissait rêveur. Il avait beaucoup lu à propos de ce pays qu’il considérait comme magique, et il avait regardé une foultitude de documentaires, plus ou moins bien réalisés. L’absorption à doses massives de ces images avait largement influencé son choix de destination. Il tenait particulièrement à voir de ses yeux les forêts d’araucarias, ces géants végétaux à qui Dame nature a offert le don d’acclimatation au climat rigoureux du Chili.
Certes, Eusébio a claqué tout son pognon dans son billet d’avion open, mais franchement, il ne regrettait pas l’addition, toute salée qu’elle était !!