Imagination 6-2020, le thème est donné par Sylvie...

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Mots : messager, métissage, abandon, révélation, estuaire

Mon texte

Sur la planète bleue, c’est la pagaille. Et encore, je reste poli. Tout fout le camp. Ça explose de partout. Ça pète. Ça flambe. Ça chauffe. Elle n’est d’ailleurs plus tellement bleue, la planète. Elle rougeoie. Elle s’enflamme. L’eau, elle n’a jamais été aussi rare. Pfffuuuiitttt ! Évaporée. Évaporée mais sans espoir de retour. Enfin, je veux dire que quand elle retombe, en pluie, les ravages engendrés sont aussi terribles que la sécheresse. Tempêtes, ouragans, destructions, inondations, coulées de boues, et j’en passe. La planète souffre. Une rumeur, une longue plainte monte de ses entrailles, comme une note, la note bleue précisément. Ce cri est le messager des tourments de la planète à l’abandon. Ce cri est celui d’une révélation : on va tous y passer !
Pas d’issue possible. Pas d’échappatoire. On est coincé. On attend le couperet qui descend sur son rail bien huilé. On a nous-mêmes huilé la mécanique diabolique.

Il y a cinq cents ans, l’européen qui se sentait un peu prisonnier sur le continent, pas encore vieux, il lui suffisait d’attendre sur le bord d’un estuaire. Parmi les navires qui partaient affronter les hautes mers, il y en aurait bien un qui manquerait de bras noueux pour le travail à bord. S’il était courageux, s’il était prêt à trimer, sans compter sa peine, sans craindre les creux d’une houle parfois formidable, ni le scorbut, ni le rata piteux servi par le maître-coq du bord, alors le candidat à l’exil pouvait espérer mettre pied à terre après quelques semaines, quelques mois de voyage, sur un continent nouveau, où tout est à prendre, à construire, à apprendre. Et là, aux confins d’un monde pas encore civilisé, pour survivre, il participerait au métissage des races, des couleurs, des langues et des civilisations.

Quel projet enthousiasmant !

Oui, mais .....c’était il y a cinq cents ans...