Accueil > Brèves de comptoir > Qui n’en veut, de mes brèves ???
mardi 4 décembre 2012, par
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« - Bon, on va manger chez les flics, à midi ?
Nan, je mange au golf, à midi !
Ah ouais ! Je vois ! Tu préfères bouffer avec des toubibs qu’avec un retraité EDF !"
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Elle fait son entrée dans le bar.
« - Bonjour ! »
Tous ensemble :
« - Bonjour ! »
Une voix monte du groupe :
« - Embrasse pas le Marcel, il a la chtouille ! »
Le Marcel :
« - Ouais ! Un gros bouton tout purulent, là ! »
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Elle quitte la table.
« - Tu t’en vas ?
Oui, j’ai rendez-vous chez le dermato.
Tu vas chez le dermato ? Tu as des boutons ? Approche un peu... »
Il la regarde attentivement.
« - Non, t’as pas de boutons, mais tu as des valises énormes sous les yeux ! »
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Il commence à raconter une histoire à son pote. Elle est longue, il la raconte mal : il fait chier tout le monde...
Le pote fait mine d’écouter un peu puis s’adresse ostensiblement au serveur, sur un tout autre sujet, avant la fin de l’histoire.
Le bavard, un peu cassé dans son élan, tente de reprendre la main.
« - Hé !? Ho ! Alors le type lui dit, qu’est-ce qu’il lui dit ? Ah oui ! Il fait : Alors je te donne un million si tu me donnes vingt mille... Heu... »
L’autre s’en va.
Le bavard accroche le regard du serveur -qui en a vu d’autres, dans son métier...
« - Ouais, reprend le bavard, c’est du réel, hein ? En Amérique, le gars il proposait 500 000 contre 20 000, en vrai, des faux, hein, une arnaque, tu vois, hein ? »
Le serveur tourne les talons et va prendre les commandes en terrasse.
« - Hé ! Heu... Et ben salut !... »
Et il sort.
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Brève chez le disquaire.
Je suis dans une des dernières librairies bisontine, au rayon cd, je farfouille parmi les variétés internationales, à la recherche des pépites incontournables pour le noël des nièces, neveux et assimilés, en espérant choisir avec un peu plus de clairvoyance que l’an dernier !
Je sue sang et eau, je ravage les piles d’albums, sans le moindre point de repère : je dois vraiment être plus vieux que vieux ; Il n’y a pas un nom, pas un titre qui m’évoque quoi que ce soit !
À côté de moi, un type, bonnet enfoncé jusqu’aux sourcils, marmonne en soulevant et reposant quelques cd. Il me jette un regard, mi attérré, mi hagard. Serait-ce un frère, lui aussi en quête du Graal musical adolescent ?
Il s’adresse à moi :
« - L’Diabl’, il aime pas cette musique-là, hein ?
Euh …
Nan ! Il l’aime pas !
Euh... J’sais pas...j’connais pas l’Diabl’ !
Si ! C’est vrai ! Il aime pas !
Ben...Si vous le dites...
J’l’ai lu, y a pas longtemps, dans un livre, à la bibliothèque.
Ah ! Ben alors !"
Un blanc. Puis :
« -Mais qu’est-ce qu’il y en a, des disques !! Si on sait pas, on a du mal à s’y retrouver.
Ça c’est sûr ! Si on sait pas, on peut pas savoir ! (*)
Faut aller demander à l’accueil.
Ben oui. Le p’tit gars, là-bas, il s’y connait, lui !
Ah oui ! »
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J’entre dans le bar. Je m’installe. À la table voisine, elles sont deux, face à face. La plus jeune s’adresse à moi :
« -Ça va être plus calme qu’hier : les hommes ne sont pas là ce matin."
Moi :
« -C’est vrai qu’hier, ils m’ont bien fait rire !"
Ben, quand on est en groupe, on se lâche un peu..."
Marcel apparaît à la porte du bar.
La même :
« Ah ! Ben, ça va changer ! Voilà Marcel ! »
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« - L’an dernier, j’ai lu quelque part que le marché de Noël de besançon, c’était le plus triste de France.
C’est vrai que c’est moche, ici !
Ah ! C’est pas comme en Alsace !
Ou même à Montbéliard ! »
Le serveur :
« - Mais arrêtez voir ! Vous êtes toujours en train de vous plaindre ; vous le savez, qu’il y a des pays où ils n’ont RIEN !? Que des cailloux !!"
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« - Et ben moi, quand il y aura le tram, si je suis toujours en vie, je le prendrai !
Mais tu le prendras où ?
Ben tout près de chez moi, bien sûr ! Et il me laissera là, devant le café !
Oh ! Putain On n’a pas fini de le voir ! Et il ne pourra plus marcher, faudra aller le chercher dans le tram, faudra le porter, faudra le poser sur une table ! »
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Fin novembre 2012, au rayon universitaire d’une des dernières librairies bisontines.
Le client, dans les 18/20 ans, s’adresse à une vendeuse :
« - On travaille sur un livre de droit, à la fac, depuis la rentrée ; cette fois, il faut que je l’achète.
Oui, bien sûr. Le titre de l’ouvrage ???...
Euh... J’sais pas. Mais tout le monde travaille dessus !
Et bien l’auteur, alors ???....
Oh ! Vous savez, moi, les noms... »
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Au café.
« - Bon ! Y a pas de croissant, ce matin ?
Tu vois pas que je t’ai mis un gâteau ? Si y a un gâteau, c’est qu’y a pas de croissant ! »
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Avec ses doigts malhabiles, il peine à ouvrir l’emballage de son gâteau.
« - Ça va ? Tu y arrives ?
Faut que j’te l’ouvre ?
C’est ça ! Va bientôt falloir lui croquer, aussi ! »