Œil de DOM
Se coucher tard nuit. Me lever matin m’atteint.

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Mardi 10 novembre 2020.

vendredi 13 novembre 2020, par Dominique Villy

Ce qui va suivre, si tu n’es pas un hyper-actif, tu ne vas pas le comprendre.
Qu’est-ce qui pousse l’hyper-actif à sortir de sa niche douillette, le matin ?
C’est la quantité formidable des tâches à accomplir.
Tâches programmées et tâches qui vont s’ajouter au fur et à mesure de l’avancée de la journée.
C’est dingue.
Avancer, continuer, augmenter la charge, ne pas s’arrêter.

Alors l’hyper-actif commence par dévorer un demi mètre cube de denrées diverses, en prévision de la dépense formidable d’énergie que va lui coûter sa journée. Le tout arrosé de trois bassines de café.
Après quoi, il pourra voir venir.
Et se lancer à corps perdu dans l’activité.

Mais là ?
Qu’est-ce qu’il peut envisager, l’hyper-actif ?

Résumé : cas contact depuis qques jours. Testé depuis deux jours. En attente du verdict pour encore au moins deux jours. Privé de sortie. Privé de l’activité nécessaire à sa survie psychologique. Muré au quatrième étage.
Oh ! Je sais, on peut facilement trouver pire. Sans aller bien loin.

Donc, le matin, la première chose est de repousser au plus tard possible le moment de quitter les nimbes pour se replonger dans la vraie vie.
Deux oreillers sur la tête pour s’épargner les bruits d’une maisonnée qui s’éveille. Bruits de robinets, de boîte de thé, de bouilloire, enfin bref, tout le monde connaît ça.

Enfin se lever. Extraire du tiroir les vêtements du jour, peu différents de ceux d’hier, à l’image de cette journée qui ressemblera tellement à celle d’hier...
... La douche qui revitalise, la serviette rêche qui gratte. La tignasse plus hérissée que jamais : c’est devenu un rite : à chaque nouveau confinement, je me fais avoir comme un bleu sur la prise de rendez-vous auprès d’Audrey, la magicienne aux doigts (et aux ciseaux) d’or !
Bof ! Étant interdit d’extérieur, je risque peu de me faire balancer des cailloux par les gosses du quartier !

Pinocher longuement sur un petit déjeuner d’oiseau, ça va faire une semaine que j’ai perdu mon appétit d’ogre ! Traînasser devant ma tasse en grappillant quelques infos sur la presse du jour, morceler ma tartine pour qu’elle dure plus longtemps, m’interdire de penser que mon vélo rouge mériterait un graissage, que le blanc doit être regonflé, surtout à l’avant, et qu’avec la lumière naissante, le défilé d’Entreroches, qui n’est qu’à une heure de moto d’ici, devrait aujourd’hui encore offrir de jolies vues promeneur curieux...

Non !
Non !
Pas la peine d’y compter.

Aujourd’hui encore, c’est home sweat home, aujourd’hui encore, c’est casa, aujourd’hui encore c’est : Tu es là et tu y restes !

Inventaire rapide des tâches possibles :
Débarrasser ta table du p’tit déjeuner. Ça va pas t’occuper longtemps.
Écrire ta page du jour : c’est en cours. C’est presque fini.

Bosser un moment sur l’organisation de la photothèque : ça peut presque se faire sans moi.

Ranger les trucs qui encombrent le bureau : un bureau vide me fait l’impression d’être mort...

Les bouquins à lire : faut que je me réfrène... J’avance dangereusement vers la fin de l’avant dernier volume...

Prendre de l’avance sur le thème de l’atelier d’écriture : cette semaine, je suis retoqué d’emblée.
Pas moyen de partir en quête du matériel nécessaire. Notre Odile bouleverse les règles du jeu cette semaine.
Foin d’écran et de clavier. Elle est nostalgique de du bruit du papier qu’on chiffonne, Odile. Elle réclame sa dose de colle, tu sais celle dont on se pourléchait en douce.
- « Quoi, tu as déjà vidé ton pot de colle !? Mais vous en faites quoi, de cette colle ? »
Tu penses bien qu’on n’avouait jamais qu’on s’en faisait des tartines !
Elle veut nous faire jouer avec des ciseaux, des tampons, des plumes d’oie, des papiers de soie, papiers d’Arménie ou papiers émeri...

Première fois que je ne participerai pas en cinq ou six ans de défis hebdomadaire... Je suis impatient de voir comment les amis traiteront le défi...

J’ai pas dit que le diable se cache là-dessous.
Je l’ai pas dit !
Mais s’il voulait aller se faire voir ailleurs, le Malin, je le laisserais volontiers y aller. Et je m’arrangerais pour lui refuser un permis de retour.
Sans blague !