Mardi 24 novembre 2020.

On avance lentement vers la fin de la troisième semaine de confinement. Sans s’y habituer.
La mort dans l’âme.
Les journées se passent, celle-ci identique à la précédente, la suivante identique à celle-ci.
Rien de reluisant.
Rien d’excitant.
Et cependant on avance.
Lentement.

Ce soir la parole du monarque tombera.
Pas de très haut.

Trop de mensonges tuent la parole qui tombe.
Trop de mensonges rabotent le piédestal.
Trop de mensonges finissent par ne plus passer inaperçus.

Trop d’inexactitudes, on aurait pu comprendre. On aurait adhéré.

Une situation exceptionnelle, jamais vue, jamais vécue, jamais affrontée.
Une usine à gaz formidable.
Une cocotte-minute qui crache la vapeur à pleins naseaux.
Une bombe à retardement, qui va péter, mais on ne sait pas quand.

L’équipe dirigeante aurait gagné à s’avouer embarrassée, voire dépassée.

Nous, les petits, on se serait sentis concernés.
On aurait retroussé nos manches.
On serait allé au charbon.
On aurait soutenu nos dirigeants.

Mais l’embarras ne figure pas au catalogue des gènes des « M’as-tu-vu » auxquels nous avons confié les clefs du camion.

Les équipes en place n’ont qu’un seul but, inavoué : passer en deuxième semaine.
Une équipe qui avouerait une faiblesse ne bénéficiera pas de la prolongation de son bail à l’Élysée, croit-elle.

Alors qu’une équipe qui monte au créneau, à tort et à travers, qui dit tout et son contraire, qui fait tournoyer sa masse d’arme devant les caméras de BFM et de CNews, qui cherche à terroriser la populace en lui martelant le terme de « guerre », quinze ou dix-huit fois durant une allocution courte, ça a de la gueule...croit-elle.

Non, ça n’a aucune gueule.
Oui ça fait vomir.
Non, ça ne fait pas envie.
Oui, c’est un constat d’échec.

Un signe que tout ne va pas si bien, dans les hautes sphères qui nous mènent en bateau : tu as lu comme moi ce qu’annoncent les sondages ?
Non ?
Alors tiens-toi à ta chaise : le Président gagnerait des points de confiance, son premier ministre resterait stable.

Marketing même pas camouflé.

Quand on vente un produit, c’est qu’il se vend mal.

Tu crois que La Vache Qui Rit a besoin de campagnes de presse, de télé, de réseaux sociaux pour se tenir fidèlement dans les étals depuis au moins soixante ans ?
Non.

Consolation : l’équipe actuelle ne durera pas encore pendant cinquante-sept ans !

Ouf !